VOYAGE EN PIEMONT

La Province Biellese, contigüe au Val d’Aoste, s’étire du lac de Viverone (alt. 200m) aux contreforts alpins à plus de 2000m. La belle ville de Biella en est la capitale méconnue, idéalement située à la confluence de trois torrents de montagne : l’Elvo, le Cervo et l’Oropa.
L’eau est partout présente, et la végétation luxuriante. Au printemps, la floraison des rhododendrons est le plus beau témoignage d’un mécénat environnemental, unique en Italie.
Cette découverte de territoire biellese part du lac de Viverone, haut-lieu de la préhistoire pour atteindre les sommets de la religiosité piémontaise avec le sanctuaire d’Oropa, un des plus hauts d’Europe.

Dans les vallées alpines du Piémont, isolées et longtemps méconnues, l’Occitanie a conservé sa culture et sa langue. En ces bouts du monde, l’occitan est une fierté, une identité qu’il faut préserver.

Depuis les années 2010, les vallées occitanes sortent de l’ombre, et deviennent le nouvel Eldorado des randonneurs. Le sentier occitan est créé, qui relie entre eux tous ces villages et hameaux de montagne, les innombrables chapelles décorées de fresques… en ignorant l’unique route du fond de vallée.
Un voyage dans le temps : des villages de montagne restés tels qu’ils étaient un siècle auparavant, qui n’ont pas vu fleurir les stations de ski. Juste quelques routes en cul de sac pour relier les villages à la vallée, et tout un réseau de sentiers qui n’ont jamais cessé d’exister.

Situé au sud du Piémont, entre le Pô et les Apennins de Ligurie, les Langhe évoquent les terres du Barolo et du Nebiolo, du Barbaresco et du Dolcetto.
Un paysage classé à l’inventaire de l’Unesco : un océan de collines qui se succèdent entre Cuneo et Savone, patrie des grands écrivains « provinciaux » comme Cesare Pavese et Beppe Fenoglio pour les plus connus.

En 2014, ce sont ces paysages harmonieux, façonnés par l’homme depuis des siècles, que l’UNESCO a voulu préserver, en même temps que les villages médiévaux perchés aux sommets des collines, resserrés autour de leur château comme pour laisser toute la place à la vigne qui se déploie sous leurs murs.

On les appelle les Dolomites du Piémont. C’est le versant italien des Alpes Maritimes, les contreforts septentrionaux du Marguareis. Ce massif bien connu des spéléologues abrite l’un des systèmes karstiques les plus importants de l’arc alpin : plus de 700 gouffres, dont certains atteignent les mille mètres de profondeur !
La présence des Chartreux dans la vallée Pesio (depuis la fin du XIIème siècle) a fortement marqué le paysage : gestion des forêts, réalisation de canaux et moulins, présence de nombreuses granges…

C’est la première des vallées occitanes en venant de France : ancien Escarton passé à l’Etat de Savoie tout puissant.
L’Alta Valle Stura a toujours été un passage obligé, un poste de frontière à défendre. L’impressionnant fort Albertino de Vinadio garde le témoignage des rivalités franco-italiennes, qui se sont exacerbées avec les conquêtes Napoléoniennes.
Les villages s’étagent du fond de la vallée aux alpages en une multitude de petits hameaux reliés par des chemins ancestraux encore fréquentés.
L’eau est partout : rivières, canyons, cascades et lacs déploient une féérie de bleus dans une montagne encore intacte.

La Vallée du Gesso, regroupe deux vallées : celle de Valdieri et celle d’Entracque. Perdues dans les contreforts nord des Alpes maritimes, à l’écart des vallées Stura et Roya, voies de passage obligées entre France et Italie. Elles sortirent de l’oubli au milieu du XIXème siècle, lorsque le Prince du Piémont, futur Roi d’Italie, en fit sa réserve de chasse et de pêche. Il fut aidé en cela par la clairvoyance des propriétaires locaux qui avaient compris tout le bénéfice qu’ils pourraient tirer de ces concessions. Ainsi naquit en 1857 la Réserve Royale de Chasse d’Entracque et de Valdieri.
A cette royale destinée s’ajouta une histoire d’amour entre le Roi et Rosa Vercellana, connue sous le nom de ‘Bela Rosin’, qui alimenta longtemps les scandales à la cour, en tous cas jusqu’à la mort de la reine Maria Adélaïde de Habsbourg.
Aujourd’hui, les deux vallées gardent le souvenir de leur royal hôte : hôtels royaux, thermes et maisons de chasse, témoignage d’une époque qui conjuguait avec un certain art de vivre, chasse, pêche et tradition… royale.

Le Pô prend sa source au pied du Mont Viso, phare emblématique des Alpes du Sud et véritable pivot rocheux à la silhouette unique : un cône parfait pour le fleuve le plus long d’Italie. Malgré ces deux noms prestigieux, la haute vallée du Pô reste assez mystérieuse et préservée. A l’image de la vallée Maira, c’est une vallée sans issue, sinon celle du Bucco del Viso, percé à la fin du XVème siècle à la demande du Marquis de Saluces. On s’enfonce donc dans la vallée jusqu’au Pian del Re (plateau du Roi) qui a tout d’une île sur le toit du monde, avec ses prairies verdoyantes et ses lacs glaciaires aux eaux émeraude.
Jusqu’au fond de la vallée, nous sommes dans l’ancien Marquisat de Saluzzo. Pendant quatre siècles, les marquis de Saluzzo disputèrent aux Savoie la domination du Piémont, et le contrôle du passage des Alpes. La ville témoigne encore de ce passé glorieux, de même que certains sites exceptionnels comme le château de la Manta.
Un voyage aux sources du Pô et de l’incroyable destin de ce petit Marquisat alpin qui tint tête aux Savoie…

L’hiver est souvent généreux dans le Val Pesio. Grâce à la proximité de la mer, la neige abonde de décembre à avril, remplissant des dolines et les vallons. Située à la rencontre des courants humides du golfe de Gênes et des brises glacées continentales qui remontent vers la plaine du Pô, la Vallée Pesio, de Chiusa à la Certosa, se recouvre alors d’un voile de lumière froide qui assure le maintien de la neige tombée aux premiers jours de l’hiver.

A l’extrémité orientale de l’Occitanie, les vallées alpines du Piémont occidental, par leur isolement et leur attachement à la culture et la langue occitane, sont sans doute les derniers témoins de traditions agro-pastorales basées sur les échanges entre vallées, et d’une histoire qui ignorait les frontières, rythmée seulement par la succession des saisons.
L’hiver dans ces vallées du bout du monde, rejoint la légende occitane. C’est une plongée hors du temps, où chaque village a gardé ses bâtisses en pierre, ses granges d’alpages et son église décorée de fresques vieilles de cinq siècles.